Bonjour!
voici l'analyse à laquelle nous sommes arrivés ensemble au cours de la séance zoom.
je vous laisse en prendre connaissance et m'envoyer vos réécritures pour un corrigé mercredi prochain... par zoom, évidemment!
Conclusion:
Comparer le mode de vie de Polanski, Mia Farrow et Cassavetes au moment du tournage aux personnages qu'ils mettent en scène permet de mieux comprendre ce qu'ils nous racontent: l'histoire d'un couple qui refuse tant le changement des 60's qu'ils sont prêts à payer le prix fort de la reconnaissance sociale et de leur quête passéiste, anachronique.
voici l'analyse à laquelle nous sommes arrivés ensemble au cours de la séance zoom.
je vous laisse en prendre connaissance et m'envoyer vos réécritures pour un corrigé mercredi prochain... par zoom, évidemment!
Problématique :
comment est annoncée la menace à venir dans cette ouverture?
1) Un couple
qui semble comblé
1.1.
l’accomplissement social
- amour, gloire et
beauté : preuves d’affection (câlins), lumière et pureté
(opposition à l’ombre autour d’eux), profession prometteuse,
richesse
- système
d’attentes heureuses : enfant, films, appartement lumineux
- modernité :
côté canaille, dans le vent (baisers, marijuana)
1.2. un sous-texte
critique
failles :
mensonges, écrasement de la femme (naïveté sensible, et mise au
second plan dans la profondeur de champ et dans la place qu’elle
occupe dans le champ, et dans la considération de son mari).
Problème de la
répartition des rôles, très sexiste : mari qui ne pense qu’à
l’argent, femme cadrée dans la cuisine.
2) Un décor
sinistre
2.1. Une prison
- omniprésence des
barreaux
- couleurs ternes et
sombres : décor gothique et passéiste, opposé dans le générique à la modernité des immeubles de New York
- la figure de
l’antre, de la profondeur. Labyrinthe, absence de fenêtres,
poursuites dans des couloirs sans fin.
- omniprésence de
la surveillance : percement du judas
2.2. Un hors-champ
menaçant :
- failles :
dans le carrelage, trous dans les portes
- présence de
substances possiblement illicites
- sentiment de
présence dans l’appartement : appartement qui a été divisé,
appartement meublé, locataire qui vient de mourir, musique (lettre à
Elise qui vient on ne sait d’où), caméra qui suit les personnages
à l’épaule comme si on était avec eux
- indices
inexplicables : armoire contre le placard, mot.
- registre lumineux de la lutte de la lumière divine (la vierge Marie au rosier) contre les ténèbres diaboliques. lumière, couleurs (blanc et jaune contre brun), composition du décor et du cadre (ouverture contre envahissement)
3) Une
critique des normes américaines
Cette ouverture de film n'annonce pas seulement l'avenir du couple, mais aussi l'avenir du cinéma. Si la réalisation est assez classique, le schéma américain type est malmené discrètement:
3.1. Les étrangers dans la maison
Le "home sweet home" n'est plus ce qu'il était. La maison américaine n'est plus le foyer rassurant d'où partent les héros pour affronter les aventures et des menaces du hors-champ. Le film commence par le mouvement inverse: entrer dans une nouvelle maison. Mais celle-ci ne sera pas un cocon rassurant, au contraire: les menaces sont maintenant à l'intérieur, et cet intérieur est devenu poreux.
Le cinéma américain a construit son classicisme en opposition à un hors-champ dangereux: indiens, gangsters, russes, aliens... ici le hors-champ est dans la maison, donc plus proche, et aimable. Surtout, il sait utiliser les failles du système américain: la quête d'insertion sociale. Il y a un changement de paradigme qui représente les nouvelles valeurs de la génération montante: le manque de foi envers le pouvoir américain et la Patrie, cette Patrie qui envoie sa jeunesse se faire massacrer au Vietnam.
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la prisonnière du désert, Ford |
3.2. La quête de
normalité sociale et son prix à payer
Le couple présenté ici est tout le contraire de la jeunesse qui se révolte. Leur costume, leurs rêves, le prouvent: il s'agit d'un couple pris dans les vieux rêves américains. Or leurs rêves, avoir un enfant, devenir une star, sont présentés comme terriblement normaux. A la fois pris en charge par tout un chacun, et lourds de conséquences. Les conséquences apparaissent déjà dans les marges du plan: le sexisme, la soumission de la femme, le mensonge, le double jeu... tous les fils qui mèneront au viol.
Le générique introduit cette menace implicite derrière la normalité: le registre rose bonbon de la berceuse est contré par les note dissonantes du clavecin, donnant d'emblée de la maternité une image peu rassurante.
Conclusion:
Comparer le mode de vie de Polanski, Mia Farrow et Cassavetes au moment du tournage aux personnages qu'ils mettent en scène permet de mieux comprendre ce qu'ils nous racontent: l'histoire d'un couple qui refuse tant le changement des 60's qu'ils sont prêts à payer le prix fort de la reconnaissance sociale et de leur quête passéiste, anachronique.
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