Bonjour bonjour jeunes 🐥 !
Voici les notions abordées pendant le cours zoom d'aujourd'hui sur le Nouvel Hollywood.
Je vous conseille tout particulièrement la lecture du Nouvel Hollywood, dans la petite bédéthèque des savoirs. Un livre du grand spécialiste de la période, Jean-Baptiste Thoret.
1) Au commencement, était la télévision
=> le déclin des grands studios
échecs des films pharaoniques, cf Cléopâtre
besoin d'une nouvelle forme
=> l'influence des actualités
violence permanente, cf. Guerre du Vietnam
en prise avec le réel, dans le fond et la forme
rupture essentielle de l'assassinat de Kennedy
2) Le Nouvel Hollywood, le retour du refoulé
2.1. de nouveaux thèmes
les tabous du Code Hays viennent sur le devant de la scène
- remise en cause de l'histoire officielle et de ses icônes (cf. Nuit des morts-vivants)
- rapport frontal et explicite au sexe et à la violence (Bonnie and Clyde)
- scepticisme chronique et systématique face à toute forme d'autorité et de pouvoir
- sympathie pour les marginaux et les laissés-pour-compte
- remise en cause du modèle viriarcal et familial
Nuit des morts-vivants :
contamination du film d'horreur par le réalisme et vice-versa. Lieu
ultra-politisé où l'Amérique traque ses démons.
=> développement d'un sentiment absurde et tragique du monde, désenchanté, à mille lieues de la dimension rassurante du cinéma hollywoodien, qui construisait des quasi-mondes solides et où l'équilibre revenait toujours à la fin.
Plus de cinéma fondé sur l'action, utile et nécessaire: les personnages se démènent pour des buts qu'ils n'atteignent pas (La Nuit des morts vivants), qui sont contraires à leurs valeurs (le Parrain) ou qui n'ont aucun sens (Taxi Driver)
2.2. une nouvelle grammaire cinématographique
- l'influence du film d'actualité
la violence est dans le réel: les actualités le rappellent, et sont le nouveau modèle de grammaire cinématographique, comme dans Night of the living dead, où la caméra embarquée multiplie flous, instabilité, faux-raccords, donnant le sentiment de l'urgence et de la catastrophe.
=> dimension documentaire et réaliste dans les thèmes mais aussi dans la forme
Un film qui annonce de nombreux aspects du Nouvel Hollywood sous ses airs de western classique: La prisonnière du désert: https://www.dailymotion.com/video/x25xrh
utilisation de la profondeur de champ. vs. le début: https://www.youtube.com/watch?v=YGP5cFGvCek
"le
hors-champ n'est plus ce lieu invisible où le champ règle ses problèmes
de digestion, mais un espace poubelle, un dépotoir saturé de déchets
toxiques impossibles à contenir. Le refoulé ne se contente plus de faire
un petit retour et de s'en aller, mais, à l'instar des zombies de
Romero, s'accroche au cadre et s'exhibe."
La violence, le doute, l'horreur, ne sont plus dans les marges, à l'étranger mais bien dans le plan, sous nos yeux, voire dans notre ventre, comme dans Rosemary's baby...
Jean-Baptiste Thoret: «
L’enfantement, la grossesse monstrueuse, comme figure récurrente de
l’époque appelle deux lectures : la première concerne le système des
studios qui, à l’instar de Rosemary Woodhouse, voient naître en leur
sein un corps étranger, une entité monstrueuse. Comme si sous la
pression des soubresauts d’alors, le refoulé (le film d’horreur)
devenait le seul genre susceptible de rendre compte des nouvelles
réalités politiques et sociales. L’Amérique qui envoie ses jeunes au
casse-pipe à des milliers de kilomètres de chez eux, qui lâche la bride
aux recherches génétiques et industrielles, sans se soucier des
retombées écologiques, constitue le terreau d’un mal qui provient de ses
entrailles. »
Le Parrain de Coppola, qui met le criminel à
l'honneur, est aussi représentatif de ce Nouvel Hollywood par la
violence de ses scènes, explicite, non cachée, mais presque poétisée. Le
réalisateur fait d'ailleurs une référence explicite à la scène finale
de Bonnie & Clyde de Penn dans la terrible scène de
l'execution de Santino (Sonny) à l'entrée d'un péage, qui meurt criblé
de balles dans sa voiture. Scène de violence innouie, où le sang, la
douleur et l'agonie transpercent l'écran.
- La déconstruction du récit
C'est aussi par sa narration que la trilogie du Parrain se veut comme étant emblématique du Nouvel Hollywood. En effet, dans le premier opus, la narration est linéaire, l'histoire se déroule selon un plan chronologique. Même si les codes du Nouvel Hollywood sont bien là (violence, anti-héros), le film est quand même teinté d'un certain classicisme Hollywoodien, du moins dans les codes narratifs. Le deuxième opus au contraire, sorti à peine deux ans plus tard, présente une narration complètement destructurée, où se mèle deux histoires parallèles : la vie de Michael et le passé de Don Vito, plus jeune, de son enfance à son ascension en tant que Parrain, qui vient entrecoupé la narration classique par des flash-back, véritable signe de modernité et de changement. Enfin le troisième volet de la saga, sorti en 1990, revient à une narration plus traditionnelle mais est réalisé à la façon d'un "blockbuster", avec des scènes d'actions magistrales, correspondant à la période qui a suivie l'ère du Nouvel Hollywood, à savoir l'ère des superproductions Hollywoodiennes, qui débuta dès les années 1980.
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L'assassinat de Santino |

- La déconstruction du récit
C'est aussi par sa narration que la trilogie du Parrain se veut comme étant emblématique du Nouvel Hollywood. En effet, dans le premier opus, la narration est linéaire, l'histoire se déroule selon un plan chronologique. Même si les codes du Nouvel Hollywood sont bien là (violence, anti-héros), le film est quand même teinté d'un certain classicisme Hollywoodien, du moins dans les codes narratifs. Le deuxième opus au contraire, sorti à peine deux ans plus tard, présente une narration complètement destructurée, où se mèle deux histoires parallèles : la vie de Michael et le passé de Don Vito, plus jeune, de son enfance à son ascension en tant que Parrain, qui vient entrecoupé la narration classique par des flash-back, véritable signe de modernité et de changement. Enfin le troisième volet de la saga, sorti en 1990, revient à une narration plus traditionnelle mais est réalisé à la façon d'un "blockbuster", avec des scènes d'actions magistrales, correspondant à la période qui a suivie l'ère du Nouvel Hollywood, à savoir l'ère des superproductions Hollywoodiennes, qui débuta dès les années 1980.
3) A la fin, était le block-buster
Le film-catastrophe: donne l'impression que la menace n'est pas dans les valeurs américaines mais dans une nature contre laquelle il faut une union nationale. Ainsi l'union des différentes classes sociales dans Les Dents de la mer de Spielberg. 1975, fin d'une époque. retour du héros contre les menaces du hors-champ.
le blog-buster: une nouvelle politique d'exploitation permet d'inonder tous les écrans en même temps. Retour de l'économique. Le Parrain, en 1971. Anéantissement de la production indépendante. Puis Spielberg, autant économiste que cinéaste, invente la bande-annonce télévisée.
Enterrement confié à George Lucas et La guerre des Etoiles. Tentation du merchandising: on préfère alors des héros transposables en figurines aux héros complexes et torturés.
1980 Election de Reagan, "résurrection anachronique d'un monde parfait"
Et voilà, chers 🐥, comment les grands méchants studios ont tué les gentils réalisateurs modernes... tout en récupérant tout ce qu'ils avaient de bon à exploiter.
La suite au prochain numéro...
Et voilà, chers 🐥, comment les grands méchants studios ont tué les gentils réalisateurs modernes... tout en récupérant tout ce qu'ils avaient de bon à exploiter.
La suite au prochain numéro...
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